Alex, c’est Thomas Alexandre Dumas, né à Saint-Domingue, général d’Empire. D’ailleurs voici la généalogie des Dumas :
L’auteur précise en annexe ce qui est vrai, et ce qu’elle a reconstitué dans sa belle biographie romancée des Dumas, en commençant par Cessette Dumas, qu’on ne connait pas bien, mais qui a des descendants vivant en Haïti. Dans le cours du récit, Cessette explique à son fils Alex qu’elle vient d’Afrique, et que, son père, un grand chef ayant été vaincu, elle a été vendue comme esclave, mais est devenue rapidement la compagne d’Antoine Davy, qui l’a affranchie, de même que ses deux enfants Alex et Rose. Mais … Antoine Davy a oublié d’officialiser les affranchissements.
Elle lui dit aussi que son nom en Afrique était « Doumah « … Dumas…
Alex est né le 25 mars 1762 dans la petite ville de Jérémie, en Haïti, nom actuel de l’ancienne Saint-Domingue : « l’habitation de son père ( dont le nom véritable est l’habitation Madère ) était située au sommet d’une morne, au-dessus de la rivière de la Guimaudée, près du hameau de Latibolière. La maison n’existe plus, mais le paysage, magnifique, n’a sans doute pas beaucoup changé « .
Au début du récit, c’est le bonheur de vivre :
» Alex mordit dans la canne à sucre. Le jus coula dans sa gorge, frais et doux. Moment de pur bonheur… Le soleil se levait, l’air était tiède. Devant lui, ondulait la ligne des mornes – collines verdoyantes couvertes de bananiers et de manguiers. «
Mam lui demande de rattraper son père, qui s’en est allé à la ville, pour lui demander de rapporter du mamba. Son père lui parle d’une façon dont il n’a compris le sens que le lendemain. Car Antoine Davy est parti, après avoir vendu sa propriété. Sa compagne, ses enfants Rose et Alex sont des » biens » vendus en même temps, et ils s’en vont comme esclaves vers le domaine du maître à Port au Prince. Sur place, il leur est ordonné de travailler dans les champs de canne à sucre, et quant à Cessette, elle gardera les troupeaux. C’est le drame, incompréhensible et révoltant. Immédiatement, Alex, rudoyé, fouetté, de même que sa soeur Rose pense à s’enfuir …
Après la tornade qui ravage l’ïle, et emporte Cessette, le salut survient pour Alex, sous la forme du capitaine Ponche, une sorte de pirate qui s’embarque en direction du Havre après l’avoir acheté. Et au port, Alex a la stupéfaction de revoir son père, très content de lui-même, qui lui explique avoir vendu ses biens, dont les êtres humains qu’il aimait pour pouvoir se rendre en France et changer de vie.
Alex va de surprise en surprise, car son père lui révèle son titre, marquis de la Pailleterie, le jeune homme étant comte. Il lui fait les honneurs de son château de famille et du domaine en Normandie. Ils ne restent pas longtemps biens de famille, car le marquis vend château et terres pour se rendre à Paris se faire reconnaître comme gentilhomme, en donnant à son fils la bonne éducation dont il a besoin. Effectivement, Alex s’adonne à la poésie, et surtout il prend des leçons d’escrime qui lui sont immédiatement utiles pour défendre son honneur et se battre en duel. Il suscite l’admiration de la fille de l’aubergiste, Marie-Louise Labouret, et de quelques autres jeunes filles quand il fait son entrée à la cour de Versailles, en tant que protégé du duc d’Orléans.
A Paris, comme à Saint-Domingue, la révolution gronde … Cessette n’est pas morte dans la tornade, car elle s’est cachée et a rejoint une communauté qui prépare la révolte des esclaves.
Peu d’années après, car l’Histoire va vite, Alex épouse Marie-Louise, devient général, mais quand l’empereur qui a rétabli l’esclavage, lui demande d’aller à Saint-Domingue réprimer le mouvement de révolte, il ne peut que refuser. Par honneur, fidélité aux siens, il subit les représailles de Napoléon.
Son fils Alexandre le romancier, l’autre grand homme, lui rend justice tout au long de sa vie car il avait seulement quatre ans quand son père est mort trop tôt, des suites d’un emprisonnement à Naples dont Napoléon n’a pas voulu le délivrer. Ainsi nait » le Comte de Monte-Cristo « .
La belle histoire vraie d’Alex, Alexandre père et fils, est admirablement racontée, et ne peut que séduire toutes celles, tous ceux qui aiment l’écrivain sensible, l’homme au grand coeur.
Et … la signature, la superbe signature, est celle d’Alexandre Dumas le romancier qui avait une belle écriture.
Elle éclaire aussi sur un thème historique, l’esclavage, la condition si cruelle des femmes et des hommes qui est ainsi exposée de la façon la plus concrète.
On célèbre en effet le 170ème anniversaire de l’abolition de l’esclavage.
Christel Mouchard – Alex fils d’esclave -Biographie romancée – Flammarion jeunesse – Illustrations de François Roca – Format 14 x21 cm – 320 pages –15 Euros ( Dès 13 ans )
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