
C’est qu’ils sont durs, les temps où nous sommes transportés. Tout au début, le décor familial est planté et c’est la douceur de vivre dans une famille unie, au bord de la Loire, en plein été paisible et ensoleillé.
Mais c’est l’été 1914, et tout va changer.
La famille fort traditionnelle, selon les critères de l’époque, va évoluer aussi, par la force des événements, et aussi des caractères. Monsieur Decourson, le père de famille, gère son entreprise de négoce en vins, et il connait particulièrement bien son métier. Sa femme voudrait tellement marier leur fille ainée Aurélia au fils d’un banquier, relation toujours utile selon elle. Elle organise un déjeuner afin que les jeunes gens se rencontrent. Lui fait sa demande en mariage, et même en ce jour de juin où les oiseaux chantent leur bonheur, Aurélia, très ferme, refuse. Elle sait que d’autres femmes ne souhaitent pas rester au foyer, qu’elles ont déjà acquis leur émancipation professionnelle, et ce qu’Aurélia veut, c’est gagner sa liberté, devenir avocate. Sa mère est effondrée. Sophie, sa jeune soeur, Armand, son frère aîné, la comprennent.
Armand se prépare à rejoindre son école d’ingénieurs; mais M. Decourson suit les informations inquiétantes sur son journal qui annonce un triste jour, la mobilisation générale.
Armand s’y attendait, au point qu’il avait déjà préparé son livret militaire. Il rassure sa famille, affirmant que les forces ennemies n’étant ps prêtes, la guerre sera de courte durée, et qu’il reviendra pour Noël.
La séparation est évidemment douloureuse, même avec cet espoir. Aurélia avait envoyé des demandes d’admission à plusieurs écoles du Barreau, sans recevoir de réponse, et elle comprend qu’il lui faudra mettre ses projets en attente.
La famille du bord de la Loire attend les nouvelles du fils parti au front, et ses lettres arrivent d’abord régulièrement, réconfortantes autant que possible; puis rapidement, le silence. L’inquiétude est inévitable, et effectivement, on finit par leur dire qu’Armand est » porté disparu « .
Pour sa mère, c’est comme si son fils était mort, et elle s’enfonce dans le deuil.
Pas Aurélia qui décide de partir à la recherche de son frère, aussi loin que possible sur les lignes du front. Le meilleur moyen d’y parvenir, c’est de devenir infirmière. Elle se rend dans un hôpital de l’armée, et on l’accueille certes avec rudesse, mais elle fait partie de l’équipe, elle se dit qu’elle pourra rencontrer des blessés qui auront connu son frère. Au moins savoir ce qui lui est arrivé !
Elle apprend très vite, prend sur elle pour s’endurcir tant la vue de jeunes gens abimés, parfois atteints de lourdes blessures au ventre, hurlant leur douleur, ou cherchant le bras, la jambe disparus, est insoutenable. Mais elle tient, elle fait au mieux pour trouver les paroles réconfortantes, ou au contraire, elle se tait quand on fait le tri des blessés puisqu’ on ne doit pas perdre de temps quand ils ne sont pas guérissables.
Lors d’un remplacement en chirurgie, elle gagne la confiance du chirurgien, qui peut travailler sans s’arrêter pendant plus d’une journée. Elle fait de même, et il apprécie de pouvoir compter sur elle.
Ses courts temps de repos, elle les passe avec d’autres infirmières, et les amitiés se nouent, très fortes.
Il faut qu’elles le soient, car ceux qui partaient n’avaient pas prévu l’épouvantable : les blessés qui ont perdu une partie de leur visage.
Des nouvelles de son frère, elle n’en a toujours pas, mais des Poilus lui expliquent que les obus qui arrivaient sur les champs de bataille projetaient si violemment la terre qu’elle pouvait ensevelir des hommes. On ne les distinguait plus des amas de ferraille et de boue, et le plus pressé, c’était d’essayer de dégager les blessés visibles. Elle entend, mais ne se résigne pas.
Même dans ces circonstances, la vie continue. Une attirance existe entre le chirurgien et son assistante préférée, et un jour de permission, il l’invite à dîner. Vous devinez la suite. Il faudra que les parents s’habituent : leur fille vit avec un homme, et ils ne sont pas mariés !
Ensemble, ils vont plus près du front, rencontrant toujours davantage d’horreurs. Les blessés qui parviennent jusqu’à eux ont été atteints par les gaz asphyxiants, terrifiants. Ces gaz mis au point par les Allemands tuent, aveuglent, envahissent les poumons et causent de graves lésions. On n’a pas les antidotes, on tente de soigner au mieux.
Un jour pourtant, très tard, beaucoup plus tard, elle entend des paroles d’espoir – et si c’était vrai ? Mais il y a encore des rebondissements.
Détail touchant : Alain Léonard a donné le prénom de sa fille, Aurélia, à son héroïne dotée d’une forte personnalité.
Il explique dans sa Note en tête de son magnifique récit, qu’il a lui-même servi au sein du Service de santé des armées, en métropole ou en missions extérieures. Il a voulu rendre hommage à celles et ceux qui l’ont précédé, notamment au cours de la Première guerre mondiale, si proche encore de nous, si présente par les Monuments aux Morts.
Mais il n’existe pas de Monument à la mémoire de celles, de ceux qui ont donné leur vie en soignant les combattants, alors qu’elles prenaient des risques elles aussi.
Son livre est déjà un beau monument, comme on les aime en France : un livre.


Bonjour chère France,
Ce roman semble fort intéressant. Ta présentation est magnifique.
Bonne journée,
Bises 😘
Chère Colette, merci pour tes gentils mots. C’est le livre qui est vraiment magnifique. On ne le lâche pas, et la fin est très bien amenée.
Bises, amitiés – bonne soirée 🙂
Chere France. Je suis heureux de voir que mon roman vous a plu et je vous remercie pour votre magnifique chronique. Ma plus belle récompense est le plaisir de mes lecteurs. Amicalement Alain Léonard
Cher auteur Alain Léonard, merci aussi pour votre message – c’est un tel plaisir que de contribuer à faire connaitre les bons livres dans un monde si difficile !
Nous attendons vos prochaines parutions
Bien à vous
France FOUGERE
A reblogué ceci sur lepapillondeslivrescerclerenevigoet a ajouté:
Je re-recommande ce très bon livre, riche sur tous les plans.
L’héroîne infirmière a été inspirée à l’auteur par sa fille