Anne-France Dautheville – La vieille qui conduisait des motos – Payot-voyageurs

Oh  que je n’aime pas le titre, car il ne reflète pas la personnalité d’Anne-France Dautheville, autant qu’on puisse  » connaître  » , essayer de deviner cette femme  charmante, mais complexe en réalité, en tous cas fort sympathique … et quelle conteuse !

 

Je crois que j’ai lu tous ses livres, récits de ses voyages : La demoiselle sur une moto, Et j’ai suivi le vent  ( réédition récente chez Payot-voyageurs ), etc, plus ses biographies –et peut-être ai-je lu d’autres biographies rédigées par elle, car un jour fameux, elle m’avait confié qu’elle était une plume pour certaines personnes  ( j’ai des noms  mais je ne révélerai  rien ! ).

Toujours indépendante,  elle vit à la campagne, travaille chez elle et jardine, au point de publier aussi des chroniques consacrées à cet art.

Un jour, elle a atteint ses soixante ans, et elle a décidé de reprendre la route mais pas autour du monde, pour son tour de France de l’amitié  en faisant escale chez ses amies et amis.

Il y a un peu de tout dans son livre, des portraits  d’hier et d’aujourd’hui, des anecdotes sur ses voyages, et ses expériences. Elle a appris toute seule à traverser des pays dits à risques, en compagnie de sa moto … si lourde. Des  rencontres, à foison, des paysages, des repas partagés … hier et aujourd’hui encore.

Elle  fait part de ses réflexions sur sa vie qui a passé vite, sur son corps qui a changé, ce qu’elle accepte, sur ses parents, sa famille non conventionnelle, ses  » racines « .

Et ses chats.

L’amie qui m’avait parlé d’elle, il y a quelques années ( et un peu plus ) m’avait  prévenue :  –   » Anne-France a beaucoup d’humour, mais en réalité elle est mystérieuse  » .

Un extrait, une page au hasard :

 » Bizarre, la  manière dont les paysages vous parlent.  Ils vous entourent, vous enlacent dans leurs courbes,  vous pénètrent, fouillent votre mémoire comme une femme dans une boutique de mode. Quand ils trouvent ce qui leur convient,  ils vous en emplissent la conscience et vous les revêtez d’une  légende, d’un savoir, d’un délire qui leur donne un sens.  Lequel ? Il est bien arbitraire sans doute : mille personnes  traverseront Taillebourg, y ressentiront comme moi le jaillissement d’une énergie sauvage capable de transformer des lances en arbres  … cent mille autres regarderont les châtaigniers cévenols sans leur accorder la moindre importance. Lorsque je voyage sur ma moto, le monde m’envahit, il me parle, me donne une place, la mienne à moi toute seule,  ici et maintenant. Passent les kilomètres, j’ai perdu ma place, mais le monde est mon ami, et je m’émerveille  du soin qu’il prend de moi.

Privas,  plein le dos, je m’arrête. Croque-monsieur d’enfer. Les brasseries aussi  sont des endroits émouvants et puis on y a moins froid que sur la route « .

Et elle enchaîne :

 » Le copain du désert

L’année  où je suis tombée du chameau, j’étais partie dans le désert avec un Touareg et un enfant :  dans les pays où la vertu des femmes est un bien admirable, un homme prendra toujours soin de protéger la réputation d ‘une dame en ne restant pas seul avec elle « …

Sa prochaine aventure :  aux Etats-Unis, il est question d’un film sur sa vie.

Anne-France DAUTHEVILLE – La vieille qui conduisait des motos – Payot- voyageurs – 192 pages – 16, 80 Euros

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