Son regard énigmatique et profond est celui de beaucoup de chats, si changeant, si expressif, captivant, attachant. Mais le Chat de la couverture – un Chartreux tout en velours – qui repose sur un canapé douillet, n’a certainement pas l’existence risquée et aventureuse du Chat du récit.
Le Chat du livre se raconte dans son autobiographie, par l’intermédiaire de Claude Habib qui connait si bien les félins, les comprend dans leur intimité, raconte leur psychologie, leur histoire complexe.
Il s’exprime pour tous les chats indépendants, nés libres dans la nature, et qui ont choisi de le rester, loin des hommes dont ils se méfient.
Leur mémoire commune intègre celle des chats de tous les temps qui connaissent la cruauté des hommes – et le Chat rappelle les diverses formes qu’elle peut prendre … ce sont des passages douloureux, difficiles, mais nécessaires.
Le Chat a connu la tendresse et la protection de sa mère qui les a abrités, sa soeur, son frère et lui, dans un trou profond bien caché dans la pleine nature. Elle a chassé la nuit, leur interdisant de sortir, inventive pour nettoyer leur abri. Comme tous les chatons, ils ont beaucoup joué. Mais sa soeur a enfreint l’interdiction et un oiseau l’a enlevée ( cela peut fonctionner dans ce sens-là aussi ! les oiseaux kidnappés par les chats avalant de leur côté des insectes en nombre ).
Extrait :
» Nous les chats, nous aimons notre mère plus que ne le font les autres bêtes. Parce que nous sommes supérieurs aux autres, c’est incontestable. Mais pas seulement. Aussi parce que nous naissons très petits. Une mère pour nous, c’est une montagne. Et nous la gravissions, puis nous nous égarions, oublieux de notre but, et nous nagions dans son pelage. L’un repartait à l’escalade, et nous suivions, avant de rouler pêle-mêle dans un effondrement de chats. L’assaut était la joie, la chute était la joie.
Au commencement, la vie est un panier de surprises. Les chatons sont joyeux et joueurs à l’extrême. D’un naturel remuant, ils calculent peu, risquent tout. Les chats adultes, non. La gaieté leur passe avec l’âge. Elle est incompatible avec la dignité de leur espèce. A chaque pas, à chaque souffle, nous sentons que nous sommes le fleuron de la vie sur terre, et la conscience de notre éminence va de pair avec la dignité de notre conduite. Nous avons grand soin de cacher nos avantages qui sont infinis. Donc nous sommes heureux mais nous n’exultons pas « .
Le Chat connait son territoire, et il est prudent. Il se nourrit de mulots mais un jour son petit coeur parle, et il est discrètement intéressé par une Chatte dans son jardin. Ainsi qu’il le dit, elle sera, sans le savoir, la cause de sa perte, car il va connaitre, en cachette, le bon goût des nourritures que les humains peuvent donner à leurs chats.
Il s’introduit dans une maison, et au lieu de l’accueillir, des gens lui assènent un jet de produit caustique : » le poison a touché mon dos… sous les poils la peau brûle, et l’odeur soulève le coeur « .
Avant de mourir, il tient à parler.
Terrible, et magnifique. Un beau récit, tendu, écrit avec amour, immense sensibilité, avec force, ironie souvent, et une colère retenue.
Pour entrer dans l’âme profonde du chat, dont le regard est le miroir.
Claude Habib, agrégée de lettres modernes, est professeur à l’Université de la Sorbonne nouvelle Paris 3.
Elle a publié Le consentement amoureux. Rousseau, les femmes et la cité ( Hachette Littératures ) – Rousseau aux Charmettes ( Editions de Fallois, 2012 ) – Le goût de la vie commune ( Flammarion, 2013 ) – deux romans – Préfère l’impair ( Viviane Hamy, 1996 ) – Un sauveur ( Editions de Fallois, 2008 ) …Elle a été critique littéraire ( Esprit- l’Express) et est membre du jury du prix Guizot.
Claude Habib – Nous, les chats… Conte – Editions de Fallois – 190 pages – 15 Euros
Tous droits réservés, etc – Copyright
ATTENTION : ce livre sera en librairie à partir du 17 février
Il faut croire que j’avais hâte d’en parler !
Il s’exprime pour tous les chats, en réalité.
j’ai lu lorsque j’avais 10 ans (à peu près) l’histoire de Mamou , un petit chat qui fait des centaines de km pour retrouver « sa » famille , l’histoire se passait en Australie .
Et l’Australie, c’est grand !
Les chats sont extraordinaires – les chiens aussi !
😦 ❤
Triste ?
Vous aimez ?
Merci Cenwen !
Pingback: Nous, les chats de Claude Habib, Edition de Fallois, février 2015. 190 pages, 15 €. | Traversées